Après un joli succès du spectacle musical , plus théâtral que rock  qu'ils ont proposé autour de Boris Vian* », Debout sur le Zinc, sans doute l’un des plus célèbres groupes de folk français, s'est produit le mercredi 9 mars, dernier au Radiant-Bellevue de Caluire et Cuire, près de Lyon.

Ils sont venus présenter à son noyau de fidèles et après plusieurs reports une grande partie -12 sur 14 – des titres de leur dernier album l’importance de l’hiver, sorti en septembre dernier.

Même si Simon Mimoun, un des chanteurs du groupe qu’on a eu la chance d’interroger juste avant le concert , conteste  cette appellation car elle tendrait à réduire le travail réalisé sur l’enregistrement studio des disques, Debout sur le zinc est avant tout un vrai groupe de scène, qui transcende totalement en live ce qu’on peut entendre gravé sur un disque.

Ainsi si certains morceaux de l’album L’importance de l’hiver auront pu nous laisser mi-figue mi-raisin lors d'une première écoute  (car comportant un peu trop de sonorités yéyés et quelques titres un peu datés à notre gout, du sans doute à l’influence de Boris Vian sur leur dernier disque), la transposition de ces morceaux sur la scène du Radiant aura été un pur régal pour les chanceux présents ce soir là. 

On s'en rend compte bien plus sur scène que sur disque :  Petits frères des Têtes Raides et autres Ogres de Barback, et cousins par alliance des Hurlements de Léo ou de  La Rue Kétanou, Debout sur le zinc réussit parfaitement  à allier des tonalités et des univers aussi différents que le  jazz-musette, ska, rock, ezmer ou la  chanson française plus classique aux textes soignés dans un ensemble de rock littéraire qui fait vraiment du bien à voir et à entendre ..

 Simon au violon ou à la trompette. Romain, à la clarinette. Olivier, au banjo et à la mandoline. Cédric à la batterie et au xylophone. Chadi aux guitares. Thomas à la contrebasse… 

Chaque membre  du collectif manie avec un talent voire un génie incontestable, trois, voire même quatre instruments, permettant ainsi  de multiplier les manières de penser et de chanter le tout dans un ensemble aussi hétéroclite que cohérent et jamais lassant. 

Les cuivres, les cordes, les vents, la bande de joyeux drilles  mélange tout cela devant un public d’abord un peu froid – le public d’abonnés du Radiant n’est pas connu pour être un des plus festifs de prime abord-  puis battant  très vite des mains en continu et scandant sans faiblir les paroles des chansons qu’il semblait pour une grande partie connaitre par cœur.

La poésie des textes de la chanson française traditionnelle, l’élégante simplicité du folk anglo-saxon et l’énergie conviviale du rock, tout ces ingrédients donnaient un savoureux mélange aux ingrédients multiples mais très gouteux  et un concert vraiment  enchanteur.

Tous les titres de l’album, même ceux qui nous avaient laissé un peu circonspect à l’écoute de l’album ont pris  une belle dimension dans les nouveau oripeaux scéniques .

Surtout, la force des textes pris alors tout leur sens, que ce soit sur   « Wé », sur un deuil qui se danse ; « L’Orage »,mettant en scène la rencontre fortuite de deux ex amoureux ; « Reste là » qui prend pour une rupture l’instant où l’aimée s’absente le temps d’une course ou  bien encore le sublime "Ça va aller," chanson sur la résilience face à la bête immonde, de l’affaire Dreyfus aux attentats terroristes de Toulouse. 

Debout sur le Zinc a réussi, dès les premiers morceaux du concert, à déjouer la mélancolie et à nous enchanter.

Et pour un retour aux joies du live, cela faisait vraiment chaud au cœur de voir que les artistes semblaient autant s'am que le public !

  Extrait de notre rencontre avec  Simon Mimoun (Violon, chant, chœurs, trompette) juste avant le concert 

 « le son et la forme sont les éléments les plus importants pour l’identité des chansons de Debout sur le Zinc »,

  « Je n’arrive pas à écouter des albums monochromes, alors je n’arrive pas à en écrire », 

 " L’aventure Boris Vian a été nourrissante pour le groupe :« Jusque-là, nous travaillions sur nos chansons seulement. À chaque fois que l’on reprend ce répertoire, et particulièrement en démontant les chansons pour les faire à notre manière, nous nous retrouvons décomplexés dans des arrangements vocaux, des accords très jazz, des surprises... » 

 

*dont un concert fut diffusé  avec un certain succès sur 4--

Un grand merci à VS Com et à l'Espace Gerson  !