Joli joli, le conte enchanté de Noël de Diastème et Beaupain

Joli Joli sort ce 25 décembre et comme Diastème et Alex Beaupain nous l'ont confié le 4 décembre dernier lors de notre rencontre lyonnaise, la date ne pouvait pas mieux tomber voilà un bijou qui redonne sourire et légèreté à cette fin d’année chaotique.
Quoi de plus revigorant que d’être transporté dans les années 1970, leur insouciance et leur esthétique pop, au cœur d’une histoire d’amour aussi formidablement désuète que profondément attachante ?
On aime énormément l'audace du geste initial , cette manière de dépoussiérer un genre souvent perçu comme « daté ». En , on n’a pas l’habitude de voir des comédies musicales à la fois drôles et engagées depuis Jeanne et le Garçon formidable qui a déjà plus de 25 ans .
Joli joli porte aussi un regard très contemporain sur des questions de mœurs. L’action se déroule en 1977, mais c’est vraiment un film de 2024 .
En situant l’histoire dans les années 1970, Diastème et Beaupain abordent les inégalités de genre ou la criminalisation de l’homosexualité avec une légèreté sérieuse.
On n’est pas dans le pastiche mais dans la réinvention d’un genre, comme Jacques Audiard l’a fait également cette année avec Emilia Pérez, qui nous avait tout autant littéralement bouleversée.

Une bande-originale aussi enivrante que vibrante, où Alex Beaupain , toujours aussi génial, a su capter toute la fragilité de l’âme humaine, sa sournoiserie autant que sa nostalgie, ses contradictions autant que sa volonté d’aimer et d’espérer.
Côté réalisation, Diastème et son équipe (déco, costume…) sont parvenus à donner vie aux années 70 dans un film chargé de couleurs et de vie.
Au cœur de cette représentation picturale, les couleurs, notamment des costumes, ont les rôles de synonymes et permettent ainsi, au premier regard, de saisir instantanément la personnalité de tel ou tel personnage.
Le casting contribue fortement à l’identité du film. Clara Luciani, William Lebghil, Vincent Dedienne et Laura Felpin, José Garcia, tous semblent follement s'am et montrent une très belle identité vocale, chantant plus juste que certains des protagonistes des Chansons d'amour ou Les biens aimés.
"Joli joli » réussit sublimement à de dévoiler le caractère d’un protagoniste, son état émotionnel ou sa position dans le film. Sorte de carte d’identité imagée.

S’il y a beaucoup de fantaisie sur les couleurs (décoration, costumes, lumières…), la mise en scène, elle, est rigoureuse.
Ces plans cadrés, quasi-géométriques, apportent une nuance et font un parallèle antinomique entre l’ordre à l’image et le chaos intérieur de l’être humain, des héros et héroïnes du long-métrage.
Une rigidité désordonnée, sublimée par une audace dans les chansons et sa tacon de revisiter les codes de la comédie musicale sans pour autant verser dans le pastiche et la parodie.