Critique : Nuit noire en Anatolie : un terrible instantané de la Turquie d'aujourd'hui

9 février 2024

Critique : Nuit noire en Anatolie : un terrible instantané de la Turquie d'aujourd'hui

Ishak, musicien de boîte de nuit dans une ville d'Anatolie, retourne dans son village natal au chevet de sa mère mourante. Dans ce village qu'il a quitté sans retour il y a sept ans, il retrouve ses amis d'enfance.

Ishak revient et personne ici ne se réjouit de l'arrivée de cet élément perturbateur, pourquoi remuer le é et troubler la tranquillité de la petite communauté ?

Le jeune homme a un compte à rendre avec lui-même et avec tout le village, une sale histoire que tout le monde voudrait oublier.

Ishak retrouve avec effroi ce qu'il a toujours voulu quitter, une région toute entière vivant dans un climat de peur, de suspicion et de violence.

En voulant affronter le é, il se jette dans la gueule du loup.

Comment imaginer que ces montagnes, ces forêts, ces paysages magnifiques abritent de hommes à la pensée archaïque fossilisée, des hommes capables du pire pour protéger un art de vivre fait de soumission patriarcale, sexiste et homophobe.

Religion, nationalisme, xénophobie, ce coin perdu de Turquie devient un concentré de la pensée de tout un pays.

L'Anatolie dans toute sa lumière et sa beauté sert d'écrin à ce formidable thriller.

Efficacement, fermement, la mise en scène d'Õzcan Alper accompagne le spectateur, du é au présent de son héros de tragédie, impressionnant Berkey Ates.

Alternant les moments de tendresse solaires et de sourdes violences et une ambiance rappelant " Les chiens de paille" de Sam Peckimpah, " Nuit noire en Anatolie " est un grand film social et politique, un terrible instantané de la Turquie d'aujourd'hui.