Rumaan Allan, romancier américain originaire du Bangladesh, sera présent au festival America qu'on vous a présenté samedi soir dernier.
C'est l'occasion de mettre en avant son très étonnant premier roman à être traduit en , Le monde après nous ( rien à voir avec le film éponyme du lyonnais,Louda Ben Salah-Cazanas) qui sort chez Seuil pour cette rentrée littéraire

"A ses yeux ce n'est pas le genre de maison où habitaient des noirs. Mais que voulait elle dire par la?
Amanda et Clay quittent Brooklyn pour redre avec leurs deux enfants Long Island pour une semaine de vacances dans cette maison trouvée sur Airbnb.
Pas de voisins, pas de réseau, mais des mètres carrés, une piscine, un jacuzzi et un frigo vite garni de tous les excès que l’occasion mérite. Mais la tranquillité n’est que de courte durée et le malaise s’installe quand Ruth et G.H., les propriétaires de la maison, débarquent et qu'une menace sourde et angoissante semble précéder leur venue.
Les propriétaires annoncent en effet de suite à la famille qu’il n’y a plus d’électricité à New York, qu’un vent de panique a saisi ses habitants qui quittent la ville, que la radio a cessé d’émettre.
Le monde après nous, percutant premier roman de Rumaan Alam – brillamment traduit par Jean Esch -commence comme un huis clos particulièrement cinglant.
D'ailleurs, c'est ce qu'on aime le plus dans ce livre, c'est ces échanges mi feutrés mi caustiques entre adultes contraints de cohabiter malgré eux.
C'est tendu à souhait, ces rapports entre ces locataires qui ont l'impression d'être envahis et ces propriétaires à la fois maladroits et condescendants, des réparties pas très sympathiques et doublées de pensées inavouables.
On aime énormément la première partie du roman, ce huis clos oppressant et très malin qui se voit se confronter deux générations différentes d'américains, sous fond de préjugés, de racisme et de lutte des classes, car tout cela dit beaucoup de choses sur les faux semblants couple, sur la famille, sur la solidarité.
Dommage que la seconde partie, qui vire un peu trop au roman post-apocalyptique, sans doute un peu trop froide et sibylline - on ne connaitra jamais vraiment les tenants et aboutissants de cette menace- frustre un peu les adeptes de rationnalité que nous sommes.
Toutefois, le geste littéraire mérite largement la lecture et l'auteur aura certainement des choses ionnantes à raconter lors de sa venue à Vincennes !
Éditions du Seuil, traduit de l'anglais par Jean Esch, 304 pages, 21 €