La Compagnie du nouveau monde vous souhaite la bienvenue au "Beyrouth Hôtel"
Bienvenue à l'Hôtel Beyrouth, un lieu hors du temps où cultures d'Orient et d'Occident, destinées, solitudes, se télescopent, se fracassent. Et où, parfois, des trajectoires changent à jamais.
Un auteur de théâtre parisien (Olivier Douau) débarque dans cet hôtel bon marché (à en croire le chauffeur de taxi qui l'a déposé), pour un ou deux jours, le temps de rencontrer ce metteur en scène libanais, apparemment très intéressé pour jouer ses pièces, ici, à Beyrouth. Il est accueilli par une réceptionniste (Nathalie Combat), bijoutée des pieds à la tête, visiblement portée sur la manucure et la lecture de magazines sans intérêt. Et habituée à vendre ses charmes aux clients de age, en-dehors des heures de travail.
Ce qui ne devait être qu'un court séjour va vite s'éterniser, sous le regard amusé de la jeune femme, pas surprise pour un sou de ne pas voir le mystérieux metteur en scène pointer le bout de son nez. Ces deux étrangers vont ainsi être amenés, presque malgré eux, à se côtoyer, dans cet hôtel qui semble désert, seulement habité par les musiques lancées par un juke-box d'un autre temps, par les conversations de l'auteur avec le répondeur de sa femme, par les rires de la jeune libanaise, et bientôt, par le bruit tendre de leurs confessions.
Peu à peu, leurs langues vont se délier, malgré leurs difficultés à se comprendre (cela donne lieu à des quiproquos souvent charmants), malgré ce décalage permanent qui peut exister entre un homme blasé, campé sur ses certitudes, et une femme animée d'une joie de vivre éclatante, malgré les bombes, malgré la guerre, qui font partie de son quotidien. Leurs cœurs - et leurs corps - vont se mettre à parler pour eux.
C'est un huis clos porté par un duo attachant (qui fonctionne très bien, incarnant leurs personnages avec justesse et émotions) que nous offre Beyrouth Hôtel, cette pièce écrite par Rémi De Vos (jouée notamment par Niels Arestrup) et mise en scène par Olivier Douau (que nous voyons ici pour la deuxième fois à l'œuvre, après Un contrat de Tonino Benacquista, lors du Off d'Avignon 2021).
Je me suis plue à suivre l'évolution de la relation entre ces deux personnages que tout oppose - ou presque. À me laisser bercer par les musiques de cet ailleurs, par l'accent chantant d'une comédienne forte et fragile, par les battements du cœur d'un comédien perdu et abandonné. La mise en scène multiplie les effets pour nous plonger dans une atmosphère à mille lieux d'un théâtre parisien, dans l'intimité d'une relation qui naît timidement, de manière aussi évidente que surprenante.
Une sorte de Lost in Translation, transposé dans le Beyrouth des années 90.
Cette mise en scène sera jouée pendant le Off à Avignon, cet été, au Théâtre de l'Adresse. J'espère que cette chronique vous aura donné envie d'aller faire un aller/retour au Liban, sans décoller de votre siège...
Beyrouth Hôtel de Rémi de Vos, mise en scène d'Olivier Doau avec Olivier Douau et Nathalie Comtat.
Cette pièce a été présentée au Théâtre du Gynmase Marie Bell en mars dernier