Et d’un seul bras, la sœur balaie sa maison : La Barbade loin des images de carte postale
« La plage pue la mousse croupissante, les algues sargasses et les entrailles en putréfaction des poissons échoués qui pourrissent dans l’air tiédissant ».
La Barbade; si ce lieu évoque des images de vacances, de plages de sable blanc et de mer de turquoise ; c’est une toute autre réalité que nous dévoile Chérie Jones, née à la Barbade, avocate, bien loin de la carte postale.
La Barbade de Chéries Jones, c’est celle de Lala, jeune femme qui vit dans la misère, comme sa mère et sa grand-mère avant elle, des femmes avec pour point commun d’être des victimes de leurs maris, bourreaux domestiques.
C’est aussi celle de Mira, une blanche insulaire « parvenue » qui a touché son rêve du doigt en épousant un riche anglais, mais qui voit sa vie voler en éclat quand il est retrouvé mort à la suite d'un braquage.
Ces deux femmes qui devront faire des choix pour tenter de s’en sortir, vont voir leurs destins se croiser.
Et d’un seul bras, la sœur balaie sa maison, c’est un roman polyphonique très sombre malgré le décor luxuriant.
Dès les premières pages on est frappé par la force de ce récit et par le tragique destin de ces personnages et par la peinture sans fard des dégâts du tourisme quand il entraine le tourisme sexuel.
La romancière brasse le portrait d’une société gangrénée où la violence est omniprésente, où la drogue et la prostitution sont les seules planches de salut, et où même la police est corrompue.
Une société où il ne fait pas bon naitre femme, où les hommes exercent une violence qui leur semble légitime
L’écriture est incisive, alternant entre réalisme et lyrisme avec une construction qui va chercher du coté de la tragédie grecque
Très bon cru que roman issu de la dernière rentrée littéraire aux Éditions Calmann-Lévy.
Et d’un seul bras, la sœur balaie sa maison de Cherie Jones, traduit de l’anglais (Caraïbes) par Jessica Shapiro, Calmann-Lévy, 368 p., 20,90 €.
Chérie Jones nous livre une évocation de la Barbade bien loin des images de carte postale avec son roman polyphonique d'une grande noirceur mais aussi d'une grande richesse #MardiConseil pic.twitter.com/Of2zBu5Zsg
— Baz'art (@blog_bazart) November 23, 2021