Un polar écrit par deux  flics toujours en exercice, un autre écrit de la plume d'un grand ténor du barreau.. le polar français se professionnalise pour ce premier jeudi polar de mai.

On commence d'abord par vous parler d'un roman policicier qui inspire d’affaires réelles et nous plonge de manière inédite dans le quotidien d’une brigade criminelle de la police judiciaire parisienne.

 «  Un flic de la Criminelle débute toujours son enquête avec du retard. Parfois il a un métro, mais  plus souvent un train de retard. Il ne connait ni les raisons de l’homicide, le fameux mobile, ni l’environnement des différents protagonistes, ni leurs habitudes et encore moins les plans du tueur pour prendre la fuite et se fondre dans la masse. Celui-ci profite toujours d’une longueur d’avance. L’enquête est irrémédiablement liée au temps. Elle s’inscrit dans des temporalités diverses qu’il faut concilier : temps judiciaire, temps des victimes, temps de la société, temps médiatique et nombre d’autres qui pèsent  comme une charge supplémentaire dans le travail de recherche de la vérité. Il faut aller vite, toujours plus vite. »

 Difficile d’étonner et d’être original dans le domaine de la littérature policière, et le chroniqueur blasé rentre parfois à reculons dans son énième polar de l’année. Et pourtant parfois la surprise est là, et il suffit de quelques pages pour  se rendre compte d’une authentique nouveauté.

 

Photo RCF

Pierrick Guillaume et Alexandre Fouchard,  en créant un style et un univers bien à eux,  réussissent à faire du neuf avec du vieux.

Ils optent pour un récit cru et réaliste, une description sans fard du quotidien d’un commissariat parisien.

Peu de poésie ni de romanesque, ordre du jour, plans de travail, au plus près des fonctionnaires de la PJ, chaque décision, chaque fait, chaque intervention est expliqué et décortiqué pour créer un véritable état des lieux d’une enquête criminelle, avec en prime une explication méthodique de chaque mot de jargon.

 Engagés et ionnés Fouchard et Guillaume se sont rencontrés sur les bancs de l’Ecole Nationale Supérieure des officiers de police, leur projet littéraire est de nous faire connaitre la banalité de leur quotidien pas banal et cette plongée dans un commissariat de quartier, hyperréaliste et nimbée d’ultra moderne solitude,  est vraiment réussi. Du beau travail.

Jike Cooper, Police Judiciaire, Pierrick Guillaume et Alexandre Fouchard, Mareuil éditions, 205 pages