Un Indien qui dérange; Thomas King, un auteur améridien à (re)découvrir
Pour ce mardi matin, on vous parle en avant première d'un roman qui sort cette semaine, un bon petit polar vintage, qui a le charme vintage d’un vieux Colombo et qui nous fait découvrir une région de l’Amérique et un humour Autochtone qu'on connait finalement fort mal sous nos contrées ..
« Cooley était la sentinelle idéale. Enorme et amical, il incarnait la sécurité et il possédait en outre un attribut hors de prix. Avec sa peau brun foncé, ses pommettes hautes, ses yeux perçants et ses longs cheveux noirs, Cooley donnait l’impression de sortir tout droit d’une photographie d’Edward Curtis pour se diriger vers un plateau de cinéma. Parmi les clients du Buffalo Mountain Resort et les acheteurs de biens immobiliers, rares étaient ceux qui avaient frayé avec des Autochtones. Mais s’ils avaient vu « Little Big Man » ou « Danse avec les loups » – et qui ne les avait pas vus, ces films ? –, ils connaissaient Cooley. »
Les montagnes Rocheuses, des forets, des canyons et la rivière serpentant le camaïeu de vert de la prairie pour décor, Chinook, petite ville du nord-ouest des Etats-Unis est très fier de son complexe hôtelier tout neuf. Un golf, des appartements hors de prix et un casino pour que les riches touristes blancs de tout le pays viennent y dépenser leurs dollars.
Le Buffalo Mountain Resort, en donnant du travail à la population Autochtone sera le ballon d’oxygène de la région.
Mais lorsqu’un cadavre est découvert dans l’un des appartements témoins d’une résidence, Thumps DreadfulWater (avec une majuscule sur le W), ancien flic mais nouveau photographe, en est sûr, ce cadavre-ci va lui gâcher autre chose que le début de la journée.
« Thumps fut un peu gêné de faire un câlin à une femme qui pleurait sur le pas de sa porte, et il aurait préféré que Claire attende d’être à l’intérieur. Mais des années plus tôt il avait appris que les femmes qui pleurent sont inamovibles et qu’on commet une erreur en tentant de les déplacer. Il faut attendre qu’elles aient terminé. »
Un polar des grands espaces, un polar qui oxygène, un polar chez les amérindiens au pied des Rocheuses. Mais un polar à l’ancienne, qui prend son temps, qui digresse autour d’un faux coupable et de vrais cadavres qui s’amoncèlent.
Et puis un polar sans téléphone portable, ni réseau sociaux dans lequel le héros photographe développe ses argentiques dans son sous-sol, c’est délicieusement vintage.
« Depuis que je t’ai demandé de m’aider, trois personnes ont été assassinées, deux ont été blessées, et mon fils est à l’hôpital."
"Un indien qui est dérange" est un polar qui nous fait découvrir les tableaux de Paul Kane, les photos d’Edward Curtis, et l’humour Cherokee.
Une lecture d’évasion opportune dans ces temps incertains.
Thomas King , peu connu chez nous mais grande voix littéraire des amérindiens, un auteur à (re)découvrir.
"Un Indien qui dérange "; Thomas King; à paraitre le 6 mai 2021 aux éditions Liana Levi,