Baz'art  : Des films, des livres...
28 janvier 2020

Critique théâtre : "Macbeth" d'après Shakespeare par la Cie le Contre poinG

Peut-être que tout vient à point à qui sait attendre, mais à qui s’impatiente il faudra ajouter un peu de cruauté.

                                                                       cropped-trio_site_titre

Macbeth c’est l’histoire d’un poison bien humain déjà plusieurs fois millénaire et qui semble voué à durer : la soif de pouvoir. A peine promu pour ses exploits de guerre par le Roi Duncan, Macbeth se voit déjà calife à la place du calife. Ou plutôt c’est sa femme qui l’y voit, et par le même coup se voit, elle, en première dame… « derrière chaque grand homme, etc… ». Les oracles ont parlé (les sondages, dirait-on aujourd’hui ?): Macbeth finira roi.

Il suffirait donc d’attendre patiemment qu’il gravisse les échelons à la faveur de la reconnaissance de Duncan. Mais à monde impitoyable, stratégie impitoyable. Craignant la faible constitution de son époux, Lady Macbeth prend l’affaire en main et tâche leurs doigts d’un sang indélébile.

C’était sans compter qu’un meurtre peut en cacher un autre, et qu’une fois éliminé le premier concurrent, ce sont dix qui apparaissent ; leur nombre ne fait qu’augmenter et l’hécatombe est infinie… La folie paranoïaque fait le reste, les Macbeth deviennent les bouchers de l’Ecosse.

téléchargement

Dans la mise en scène d’Aurélie Derbier, le sang est d’or, qu’il jaillisse en lambeaux des marionnettes inanimées ou qu’il recouvre les bras coupables. Il souligne ainsi la vanité du meurtre pour le pouvoir, l’argent, la gloire… que l’on retrouve dans le ridicule de la couronne royale pourtant si convoitée.

Les fantômes, eux, sont au contraire pleins d’une consistance bien encombrante pour qui reçoit leur visite. Ces pantins de mousse et de tissu incarnent tour à tour les voix minuscules du peuple, les morts qui reviennent et les vivants qui s’en vont, répondant ainsi malicieusement au défi shakespearien : mettre une quarantaine de personnages en scène ! 

Cette esthétique marionnétique se retrouve jusque dans les corps des comédiens, certains athlétiques, d’autres gymnastiques, ou acrobatiques. Il fallait bien cela pour gravir les marches d’un trône aux allures de chaise électrique : un échafaudage omniprésent, métallique, anguleux et froid, à l’image de la place à son sommet.

 Lady Macbeth le confesse : « tout est gâché quand on obtient sans joie ce que l’on veut ».

Il faut un temps pour entrer dans l’univers noir, rouge et métal de cette proposition qui donne à la scène des allures d’opéra rock des années 80 (vous vous souvenez de « Starmania » ?...), teinté d’un sombre baroque par le jeu des masques à l’italienne. Mais il apparait très vite que guitare électrique et synthé (joués en live sur scène) ne seront pas de trop pour traduire le tournant « hard » de la situation en jeu, et que le seul le cuir lamé pouvait habiller le masochisme de ces bêtes humaines.  

Enfin, nul n’était besoin des citations médiatico-politiques actuelles ou du clin d’œil technologique glissés entre deux scènes pour rendre contemporaine cette fable intemporelle. Au-delà du caractère indémodable de la pièce, la mise en scène (à la fois poétique et terrible) des exactions civiles ne rappellent que trop celles de notre temps et fait raisonner une vision peu optimiste d’un monde ou le mal doit seconder l’ambition et où le bien n’est que « folie dangereuse ».

                                                                                      IMG_20191122_095448_722-1020x1020

 

Texte: d'après William Shakespeare / Adaptation et mise en scène: Aurélie Derbier / Avec: Fernand Catry, Simon Jouannot, Margaux Lavis, Clotilde Sandri / Musique live: Jean-Baptiste Sintes / Création et régie lumière: Karim Houari /  Marionnettes: Cléo Combe / Costumes: Nathalie Gueugue / Scénographie: Alain Bellin et Alain Duchasténier - Les Compagnons de la Scène 

Vu au Théâtre Prémol (38100 Grenoble) le 26 janvier 2020

A venir : à l’Espace Culturel Navarre (38560 Champ-sur-Drac) Vendredi 6 et Samedi 7 mars à 20h30 et à suivre sur : 

Macbeth 2020

" Le pire des maux est que le pouvoir soit occupé par ceux qui l'ont voulu " . (Platon) Tout juste victorieux d'une grande bataille, Macbeth rencontre sur la route du retour, trois sorcières qui lui prédisent un destin de roi. La tragédie vient de naître.

http://lecontrepoing.com

 

Commentaires
Qui sommes-nous ?

Webzine crée en 2010, d'abord en solo puis désormais avec une équipe de six rédacteurs avec la même envie : partager notre ion de la culture sous toutes ses formes : critiques cinéma, littérature, théâtre, concert , expositions, musique, interviews, spectacles.

Visiteurs
Depuis la création 7 901 613
Découvrez l'affiche du festival Off Avignon 2025 !

L’affiche de l’édition 2025 du festival Off Avignon  se dévoile!

 

Pour la quatrième année consécutive, l’affiche de la prochaine édition du festival Off Avignon a été réalisée par un étudiant de l'École Supérieure d'Art Avignon - ESAA : Luca Mira.

Depuis 2022, ce partenariat invite les étudiant·es du territoire à proposer un regard nouveau sur le festival Off Avignon.

 

https://www.festivaloffavignon.com/

Sélection officielle du Festival d’Annecy 2025 // 2025 Annecy Festival Official Selection

Pour l’édition 2025, le Festival international du film d’animation d’Annecy a reçu plus de 3 900 films en provenance d’une centaine de pays.

Retrouvez l’intégralité de la Sélection officielle 2025.

 

Le Festival du Film de Fesses revient du 20 au 29 juin pour sa 10ème édition ! 

Le Festival du Film de Fesses, unique événement français dédié au cinéma érotique revient pour sa 10ème édition du 20 au 29 juin avec une programmation des plus orgasmique dans 8 salles parisiennes (Le Majestic Bastille, l'Archipel, Le Reflet Médicis, Le Luminor, Le Studio des Ursulines, Le Point Éphémère, Le Méliès/Montreuil, L'Écran/Saint-dénis)  

https://www.instagram.com/festival_fff/?hl=fr

 

Nous er

Une adresse mail :

[email protected] 

Newsletter
153 abonnés