« Paris-Beyrouth », vu par Cyril Mokaiesh, c'est de l'électro rock, parfois mélancolique, souvent poétique et un voyage formidable dont on ressort sens dessus dessous.
Musique / «Paris/ Beyrouth " le beau retour aux sources de Cyril Mokaiesh
Comme Libération, je fais partie de ceux qui ne comprennent pas pourquoi le nom de Cyril Mokaiesh n'a pas encore explosé auprès nom du grand public depuis la dizaine d'années qu'il ne cesse de confirmer son talent et depuis la dizaine d'années que l'on ne cesse de dire à quel point l'artiste est formidable .
Ce chanteur atypique, chantre d’une variété française puissante et pleine d’emphase, qui fait souvent penser au génial Nicolas Perac flirtant avec le folk-rock est un vrai poète des temps modernes qui réussit à nous surprendre à chaque disque et collaboration.
Lyrique, flamboyant, exalté, subjectif, avec ce qu'il faut d'auto dérision et de hauteur de vue, Mokaiesh n'aura fait en dix ans que confirmer ses promesses avec tous ses projets dont le magnifique projet des Naufragés, en compagnie du pianiste Italien Giovanni Mirabassi) qui sont à chaque fois empreint d’un romantisme à fleur de peau et habité d’une ardente révolte.
Bref, je n'ai jamais caché mon enthousiasme devant l'immense talent de Cyril Mokaiesh... et son dernier album à ce jour, , « Clôture », m avait laissé un tel souvenir que je craignais de ne pas être aussi emballé par son retour trois ans plus tard un retour qu'il revendiquait lui même comme totalement différent de ce qu'il avait fait jusqu'à présent .
Or, avec son nouveau projet , « Paris-Beyrouth », Cyril Mokaiesh qui a eu besoin d'une pause dans sa vie parisienne s'est posé à Beyrouth, berceau de sa famille depuis plusieurs générations et le résultat, quoique déconcertant dans les premières écoutes, s'avère finalement tout aussi formidable que le reste .
« Je m'en vais pour un voyage/Percutant comme l'orage/Pour que me suive qui m'aime/Oublier tous mes problèmes/De femmes, de fric, de réussite/De bonne étoile qui vous quitte un soir de mai », annonce Mokaiesh dans « L'origine », qui ouvre ce journal de bord d'un exilé qui revient goûter à ses racines enfouies mais toujours ancrées au fond de son inconscient . « Retour à l’origine / Au champ de mes racines »…
Le refrain de L’Origine, la première chanson de Paris-Beyrouth, le nouvel album de Cyril Mokaiesh, est d’une limpidité biblique. Il est retourné là d’où il vient et ce retour aux sources le ravit.
Confronté à une autre culture que celle de Paris qui l'a construit, Mokaesih a plongé tête la première dans Beyrouth pour cet album hommage à ses racines et à la richesse culturelle du Liban, , un album engagé et tout en poésie où la douceur de certains morceaux « Près de vous » et « C'est l'heure » contraste joliment avec la fièvre militante du Grand changement.
Un mariage entre ses deux cultures étonnant et ambitieux . Les sonorités électroniques se mélangent à la chaleur des instruments orientaux traditionnels., comme l'oud de "Au nom du père," presque rappé en duo avec la chanteuse libanaise Razane Jammal ou bien encore dans .La Lueur, avec la comédienne et rappeuse Sòphia Moüssa, sans oublier cet étonnant Cantique des oiseaux persan qui donne son titre à une chanson dans lequel il se demande si on peut faire confiance aux oiseaux ? »
Réalisé en collaboration avec son vieux complice Valentin Montu, rencontré pendant l’enregistrement de son premier album solo, Du rouge et des ions, en 2011, Paris Beyrouth est un opus électro/ oriental du meilleur effet qui se bonifie au fil des écoutes.
Ccyril Mokaiesh n'en a décidemment pas fini de nous surprendre.
« Paris-Beyrouth » de Cyril Mokaiesh, Un plan simple/Sony, 16 euros le CD, 22 euros le livre-disque;
Il sera en tournée à partir du 12 février à Rennes, dont le 3 mars au Trianon, à Paris.