Chronique DVD La Fête est finie : un film fort et puissant sur l'amitié et la résilience !
En février dernier, j'avais eu la chance de rencontrer assez longuement la cinéaste Marie Garel-Weiss, venue présenter sur Lyon son premier long métrage "la Fête est finie", sorti en DVD le 21 août dernier chez Pyramide Video; une rencontre qui avait lieu en compagnie de ses deux formidables jeunes actrices, Zita Hanrot (César du Meilleur espoir 2016 pour son rôle dans "Fatima") et une formidable révélation, Clémence Boisnard, tout juste 19 ans.
Lors de cette ionnante rencontre (que vous pouvez retrouver ici même) Marie Garel Weiss,qui a longtemps été seulement scénariste (notamment du film "Atomik Circus" des frères Poiraud) a confessé que le récit de son premier long puisait dans des inspirations largement intimes et proches d'elle.
En effet, la jeune fille de 19 ans, paumée et junkie au début du film, personnage principal, qui cherche à sortir de sa dépendance toxicologique, est largement inspirée de son parcours personnel.
Il semblait ainsi important pour la primo cinéaste d'accompagner totalement ce film en le réalisant et en l'écrivant, mais en s'aidant toutefois d'un co-scénariste, Salvatore Lista, qui a réussi à lui faire prendre la distance nécessaire à ce sujet si intime.
C'est certainement parce qu'elle a vécu dans sa chair cette histoire de désintoxication à la drogue que sa "fête est finie" dégage une telle intensité et une telle sincérité dans la conduite de son récit.
La primo-cinéaste signe ainsi une chronique aussi bouleversante que réaliste et aborde son délicat sujet en évitant à la fois l'écueil de la complaisance et celui de la frilosité, des écueils qu'on retrouve assez souvent lorsqu'il s'agit d'un film sur les jeunes au cinéma.
Et si la dimension sombre du sujet n'est pas éludée, jamais la cinéaste n'insiste sur les ravages, notamment physiques que cause la drogue, et surtout, cela n'empêche pas pour autant des séquences plus solaires, où l’espoir et la solidarité ne sont jamais bien loin.
Le sujet central du film de Marie Garel-Weiss, n’est pas tant la chute liée à l’addiction et la dépendance, mais plus l’espoir de s'en sortir et de tenter de se reconstruire, à travers une problématique forte et rarement abordée sous cet angle là: comment la dépendance émotionnelle peut se substituer à la dépendance toxologique.
Cette dépendance émotionnelle prend la forme d'une amitié totalement fusionnelle entre deux filles, "béquilles émotionnelles" l'une pour l'autre, tant elles s'entraident, tombent et se relèvent (ou non) ensemble.
Cette relation, qui n’est pas sans rappeler celle de "La Vie Rêvée des Anges" d’Erick Zonca, (LA référence du genre sur le sujet),est autant montrée dans sa dimension positive que destructrice et sans manichéisme ni stéréotype, d'autant plus qu'elle est portée par son tandem de comédiennes exceptionnelles et extrêmement complémentaires : Zita Hanrot, calme et déterminée du moins en apparence, fait face à une Clémence Boisnard, très peu vue au cinéma, dont l'énergie et la spontanéité crêvent littéralement l'écran.
A mi parcours, le film bifurque sur des rails assez peu attendus, et quitte le quotidien dans le centre, pour nous montrer comment le parcours de reconstruction peut prendre forme dans la vie "réelle".
Il nous montre également comment cette amitié à la vie à la mort a autant de chances de les perdre que de les guérir nous expliquant pourquoi,comme le chante Oreslan et comme le clame haut et fort le film, la fête est bel et bien finie.
Orelsan - La Fête est Finie (Nola Cover)
Marie Garel-Weiss filme les deux sublimes héroïnes de son film avec une comion et une absence de jugement qui les rend mémorables, longtemps après la projection du film.
Bouleversante chronique tenue par un souci permanent d'authenticité, La Fête est Finie, qui fait assurément partie des bonnes surprises de cette année 2018, est une invitation qui arrive en vidéo chez nous, et qu'on aurait grandement tort de décliner.LA FÊTE EST FINIE Bande Annonce (2018)