Daphné (critique) :le portrait d'une jeune anglaise hors des sentiers battus!
En salles mercredi prochain 2 mai, Daphné, premier long-métrage du réalisateur écossais Peter Mackie Burns, tourné dans le strict prolongement de son court-métrage Happy Birthday to Me ( réalisé quelques années plus tôt avec son coscénariste Nico Mensinga), nous dresse le portrait d'un personnage (qui porte le prénom du titre) pas vraiment conventionnel, une trentenaire britannique célibataire mais qu'on pourrait un peu voir comme le miroir parfaitement inversé d'une Bridget Jones ( dont on a parlé il y a peu).
Jeune femme aussi forte que vulnérable, vagument misantrophe, cynique, distante, qui rejette ses proches - sa mère notamment- mais peut faire parfois preuve aussi de bonté et d'empathie en certaines occasions, Daphné s'avère être un personnage de cinéma très complexe, et en cela elle est vraiment éloignée des stéréotypes féminins de la femme docile ou épouse compatissante habituellement véhiculés par l'industie du cinéma.
On pense un peu à une lointaine cousine du Sue perdue à Manhattan d'Amos Kollek (en moins paumée quand même) ou plus près de nous- géographiquement et en terme d'année- de la Jeune femme de Léonor Seraille, qui sondait aussi la quête de liberté conquise d'une jeune fille d'aujourd'hui qui sait appartenir à une génération de femmes libres contemporaines avec les avantages et les inconvévients de ce statut.
Notre Daphné est de ces filles qui ont une vie des moins rangées qui soient et cherche sa place dans la grande mégalopole londonnienne : une fois la nuit tombée, oscillant entre alcool, la drogue et rencontres sans vraiment lendemain, cette serveuse lettrée court de boites de nuits en bars branchés.
Une fille d'aujourd'hui qui ne croit pas en l'amour ( ou feint de ne pas y croire?), boit, fume, couche et lit des grands auteurs..Trentenaire paumée à l'humour grinçant, un peu misanthrope sur les bords, Daphné est assez insaissisable : sous une carapace de fille a priori distante, déconnectée du monde et sans empathie, teintée de plus d'une belle pointe de cynisme, elle n'en demure pas moins une jeune femme sensible, fine d'esprit, reflet de toute une génération.
Un personnage singulier que d’ordinaire, particulièrement drôle et aussi agaçante qu'attachante.
Le film se déroule dans un quartier de Londres pas très connu de , à savoir le quartier d'Elephant and Castle, au Sud de la ville, quartier métissé en pleine gentrification et le cinéaste film ce quartier avec réalisme mais non sans une certaine poésie urbaine,, appuyée par une BO particulièrement ecclectique et de bon aloi- mélange de rock, jazz,R & b)
Jolie étude psychologique et non édulcorée d'un jeune femme qu'on suit du début à la fin (au risque de sacrifier certains personnages secondaires, écrits un peu moins finement) dont on est ravis d'avoir fait la connaissance et d’avoir accompagnée pendant une heure trente.