Quais du polar : Christophe Gavat nous montre une Corruption ordinaire
"Cela fait longtemps que ce genre de personnage n'impressionne plus Midlak. Vingt deux ans à courir derrière des voyous, il les a déjà tous fréquentés. Avec plus ou moins de bonheur. Des gros cons aux petits malins, des prétentieux qui connaissent le Président aux ridicules qui s'étonnent que les flics ne les reconnaissent pas : vous ne savez pas que je suis?"
Christophe Gavat est commissaire de police ancien chef de l'antenne de la PJ de Grenoble, actuellement en poste à Marseille,
Proche de Michel Neyret, qui était lui présent à quais du polar l'an dernier, Gavat signe son premier roman après avoir publié deux témoignages. Son premier ouvrage a été adapté pour 2 par Olivier Marchal, sous le titre Borderline, dont il a cosigné le scénario.
Dans ce polar classique mais de facture, Gavrat, comme le fait un autre policier en activité Christophe Molmy dans un roman chroniqué récemment, relate avec précision et un grand réalisme le travail de fourmi de la police, ici pas forcément dans le secteur du meurtre crapuleux mais plus dans la sphère des affaires politico-financières, d'élus de la nation un peu trop véreux pour être honnêtes ., même si cette affaire financière est élucidée par une brigade de répression du banditisme et non pas une brigade financière.
"En enquêtant sur ce dossier, les policiers ont pris conscience que, aussi rigoureuse et précise soit leur enquête, elle ne sera jamais que le reflet de dix pour cent de la réalité corruptive, prégnante à Sainte-Jeanne. Ils ne pensaient pas que cette affaire les amènerait à tirer cette conclusion désespérante : tel un cancer incurable, la corruption se propage de la tête à la base.
On plonge ainsi en plein coeur d’une instruction judiciaire politique où le pouvoir se trouve être particulièrement perverti.
Christophe Gavat semble certes parfois verser dans la caricature avec ses politiciens (ou parfois magistrats) bien pourris qui font penser à des certains édiles de Levallois Perret à qui Grand Corps Malade a récemment consacré une chanson même si l'intrigue se e dans le Sud/Ouest
Tout le monde est complice et corrompu, avec une banalité que le titre du livre laisse bien prévoir corruption ordinaire tel que chacun pourrait s’y laisser prendre. (la brigade financière en charge du dossier s’étant montrée plutôt laxiste).
L'atout premier de ce roman? : une connaissance précise du terrain et une maitrise évidente des fonctionnement du milieu... peu d'invraisemblances ou d' approximations, dommage que niveau littéraire, l'écriture manque un peu d'ampleur et d'épaisseur.... Pas le meilleur polar de ceux lus dans le cadre du festival qui commence demain, mais un roman policier qui reste honnête et fréquentable..