Quais du Polar 2018 : Kisanga ;Emmanuel Grand : un polar social et géopolitique très actuel
« Kisanga…je vous l’ai dit, c’est le jardin d’Eden. Ce pays suinte le cuivre. La terre est rouge comme le sang. C’est le paradis pour des gens comme nous. »
La et la Chine doivent signer un partenariat pour exploiter une mine de cuivre en République Démocratique du Congo. La preuve accablante d’un marché illégal pendant un embargo, quinze ans plus tôt, risque de compromettre ce marché juteux pour la .
Notre beau pays dépêche donc Lauzière, un mercenaire rompu à toutes les manigances obscures de la raison d’état, pour essayer de récupérer les photos compromettantes.
Une affaire qui aurait dû se régler rapidement pour un militaire de cette trempe, mais rien n’est simple sur le continent Afrique.
Il faudra aussi compter sur Martel, un ingénieur des Mines un peu trop scrupuleux et idéaliste et Da Costa, un journaliste parisien qui lui a un vieux compte à régler avec Carmin la société d’exploitation minière qui n’est pas vraiment regardante sur les conditions de travail catastrophiques des employés Congolais.
Il faudra aussi compter sur des politiciens déés ou corrompus, des investisseurs chinois très près de leurs intérêts, des financeurs aussi arrogants qu’immatures, bref Indiana Jones et Rouletabille auront fort à faire, face à tout ce petit monde néocolonial sans scrupule.
Ce n’est plus la Françafrique, mais le Mondafrique avec la présence incontournable de la Chine sur cet immense continent. Corruption, chantage, lobbying éhonté, Emmanuel Grand nous embarque dans un polar social et géopolitique très actuel. Les ressources « maudites » telles que le cuivre, l’uranium, le coltan, qui nous permettent d’avoir des énergies propres, sont exploitées dans de très sales conditions.
Suspens, action, habile mélange de fiction et de réalité « Kinsanga » est un vrai page-turner moite et poussiéreux.
Il y a de Jean-Patrick Manchette et de John Le Carré chez cet écrivain, on a fait pire comme référence, pas vrai?
Bref, après l'excellent « Terminus Belz » et le non moins excellent « Les salaud devront payer » tous deux d’heureuse mémoire, il faut lire de toute urgence « Kisanga » le nouveau roman noir d’Emmanuel Grand.
À propos
Emmanuel Grand, né en 1966, vit en région parisienne. Terminus Belz (Liana Levi 2014, Points 2015, Prix Polar SNCF) et Les Salauds devront payer (Liana Levi 2016, Livre de poche 2017), l’ont imposé dans le paysage du thriller social à la française. Son dernier roman, Kisanga, est publié en mars 2018 aux éditions Liana Levi.
Autobiographie pour Quais du Polar
Ecrire des polars, c’est d’abord pour moi un jeu de construction, une sorte de kapla littéraire où les petits bâtons de bois sont des personnages, des dialogues, des indices, etc… Je e des mois à polir mes petites pièces de bois en espérant que le lecteur voudra bien jouer avec moi.
Polars fétiches
: La Griffe du Chien, Don Winslow.
: No Country for Old Men, Ethan et Joel Coen.
Un auteur : Stephen King.