MEL & JENNY , un joli film allemand sur la confusion des genres
« Imaginez BOYS DON’T CRY avec un happy end… » : l'accroche de Variety figurant sur le sticker collé sur le DVD du film Mel & Jenny édité par Outplay n'est pas vraiment faux, tant ce film allemand, resté inédit dans les salles françaises peut faire penser au film américain indépendant qui a révélé Hilary Swack au grand public, mais, personnellement, ayant vu "Boys Dont cry "il y a déjà ongtemps , j'ai plus pensé en le voyant au Tomboy de Céline Sciamma, autre grand film sur la confusion des genres et l'ambivalence sexuelle.
Car ce premier long-métrage de la réalisatrice allemande Nana Neul parle bien de personnages similaires, des êtres profondément androgynes qui découvrent peu à peu leurs orientation sexuelles.
C'est le cas de Mel, garçon manqué qui découvre son inclinaison pour les jeunes filles et qui laisse l'ambiguïté sur son véritable identité s'installer lorsqu'elle tombe amoureuse d'une jolie adolescente un poil ingénue et qui va décider du coup de s'inventer pour séduire sa belle, une autre identité : elle se fait appeler Miguel et dit venir du Portugal.
Mel & Jenny, sorti en Allemagne sur le titre- plus personnel et plus conforme à ce qu'on voit à l'image-" Mein Freund Aus Faro, ( "Mon ami de Faro", Faro étant une ville du Portugal d'où Mel prétend venir) aborde joliment et avec pas mal de grâce le sujet du désir amoureux et des tumultes inhérentes aux questionnements sur son cheminement sexuel.
Avec une belle finesse et une belle tendresse dans sa description des rapports humains, et une réalisation à base de gros plans et de dialogues où les silences ont toute leur part, Mel & Jenny réussit à écarter toute sensiblerie trop ostentatoire qui pourraient avoir lieu sous fond de confusion des sentiments.
Ce premier long-métrage est ainsi un fort joli récit initiatique de la découverte de soi dans lequel les personnages ne sont jamais manichéens ni stéréotypés (notamment le beau personnage secondaire de Nuno, le ouvrier d’origine portugaise, catalyseur de la nouvelle vie de Mel).
Dans le rôle de Mel, Anjorka Strechel est formidable de nuance et d'ambiguité, et donne beaucoup d'intensité aux tourments intérieurs liés à la recherche de l'identité sexuelle de son personnage et aux difficultés de l'assumer suite à une rencontre entre filles qui va virer aux questionnements sentimentaux.
Cette belle surprise venue d'outre Rhin décrit parfaitement l'exaltation liée à une histoire de ion amoureuse, malgré les soufs et les interrogations que cela implique.
Une belle découverte à conseiller aux spectateurs avides de découvrir un cinéma libre et plus surprenant que ce qu'il promettait au départ.