Un drame rural qui se déroule au Québec, j'en ai vu et chroniqué un dernièrement, il s'agit bien sûr de Tom à la ferme, le dernier film sorti en de mon nouveau pote Xavier Dolan.

Mais, quelques mois avant la projection en salles du 4ème long métrage de Xavier Dolan était  à l'affiche dans nos salles françaises Le Démantèlement qui n'a pas grand chose en commun avec Tom à la ferme à part justement se dérouler dans la campagne québécoise.

Car, contrairement à la mise en scène et le scénario assez choc de Xavier Dolan, le film de Sebastien Pilote, drame autant agricole que familial, frappe par sa simplicité et sa modestie, que ce soit dans sa forme, et dans son sujet. 

Après avoir beaucoup entendu parler de lui (il fut notamment remarqué au festival de Sundance et à la Semaine de la Critique à Cannes), j'avais bien failli voir ce "Démantélement" en salles, mais ayant eu un empechement le soir où il est é dans mon ciné de quartier, je me suis rattrapé avec sa sortie en DVD récente (depuis le 6 mai dernier, édité chez Blaq Out).

Le jeune réalisateur Sebastien Pilote (dont c'est le second film, le premier Le vendeur n'étant pas sorti en ) a choisi comme personnage principal de son film Gaby un agriculteur sexagénaire, qui  vit seul avec son chien dans une ferme de la campagne canadienne, après le départ de ses frères, de sa femme, puis de ses filles.

Le jour où l'une des ses dernières lui fait part de ses problèmes d'argent suite à son divorce, Gaby décide de démanteler sa ferme... ce n'est pas tant pour l'argent que ça va lui apporter que par nécessité d'accomplir son devoir de père et de prouver à ses filles qu'elles sont tout pour lui.

Le film est un mélange parfaitement réussi entre documentaire sur le quotidien d'une ferme (un monde rural composé essentiellement d'hommes dans la force de l'âge, à l'affût des ventes aux enchères pour acquérir à moindre coût les biens d'un collègue) et la tragédie romanesque et familiale.

Le Démantèlement est un film qui prend certes son temps pour nous apprendre à aimer ses personnages, et surtout ce Gaby, taiseux mais tellement humain.

Difficile de pas s'attacher à ce Gaby, tellement digne et pas si solide que les apparences le laisseraient penser , lié à sa terre mais encore plus à ses filles, Marie et Frédérique, qu'il aimerait tant voir plus.  "Le Démantèlement" raconte de très belle façon le désarroi d'un homme qui a sacrifié une large partie de sa vie pour maintenir la ferme familiale et qui se retrouve démuni au premier coup dur du destin.

  Gaby doit également énormément à l'exceptionnelle interprétation de l’acteur de théâtre Gabriel Arcand (vu notamment dans "Congorama" et la "turbulences des fluides"), taiseux et bouleversant.

  Beau film sur l’incommunicabilité familiale sur le fond, "Le démantèlement" est également très réussi formellement, et la mise en scène s’inspire des westerns américains, notamment ceux de John Ford à qui on l'a souvent comparé, avec ces plaines filmées comme dans un John Ford, l'humanisme des grands espaces.

Il y a dans ce film une dimension picturale indéniable ainsi qu'une vraie élégance, qui achèvent de faire de ce long métrage un très beau film certes triste et mélancolique, mais assez poignant tout du long.

Et si vous voulez vous procurer ce très beau DVD ( avec dans les bonus une belle présentation par le directeur de la semaine de la critique Charles Tesson), vous pouvez vous rendre ici même.

Et pour les autres, restez fidèle à Baz'art, une surprise pourrait bien vous attendre...