Les bêtes du Sud Sauvage : si beau, si lent...
Depuis maintenant plusieurs mois, et notamment depuis le festival de Cannes où le film avait récolté la Caméra d'Or et laissé pas mal de spectateurs totalement ébahis d'iration, j'avais très envie de voir Les Betes du Sud Sauvage, ce premier film américain dont on vantait monts et merveilles.
Je tenais même à le voir avant la fin de l'année ( il était sorti le 12 décembre dernier), histoire que je le fasse éventuellement intégrer à mon top 10 de 2012.
Hélas, j'ai vu le film et malgré d'immenses qualités évidentes, j'ai été loin d'être renversé par ce film qui m'a même, reconnaissons le un peu avec dépit, quelque peu ennuyé.
Et je vous préviens d'emblée, je risque d'employer, pour qualifier ce film, une expression que j'utilise assez souvent (remarquez, cela faisait quelques temps que je l'avais pas usité, e semnle t il) :"
Du coup, on va l'utiliser d'emblée, comme cela, on en sera vite débarassé : "voilà l'exemple même de film où le fond est dominé par la forme"..
En effet, force est de reconnaitre que le cinéaste new yorkais Benh Zeitlin, ( qui s'est totalement emmouraché de la Nouvelle Orléans à tel point de s'y être installé depuis 6 ans et d'avoir tourné ses courts et son premier long là bas) sait installer une ambiance totalement envoutante dès les toutes premières minutes, et camper un univers poétique bien à lui: entre la musique absolument planante, sa caméra à l'épaule qui réserve quelques fulgurances visuelles, et un soin énorme accordé à la photo et à la lumière , le jeune cinéaste arrive, avec un budget de trois fois rien, à façonner une athmosphère pile poil entre le réalisme social glauque, et une poésie des bidonvilles gratinées d''onirisme ; la petite héroine ayant un imaginaire peuplé d'animaux préhistoriques).
D'ailleurs, autre grand atout du film, cette héroine, la petite Huschpuppy, est jouée par une jeune actrice venue de nulle part (Quvenzhané Wallis nominée à l'Oscar de la meilleure actrice, un record de précocité) et qui a probablement l’une des têtes les plus mignonnes du monde.
Bref, on ne peut qu'être sous le charme de la beauté des images le bayou – ces étendues d’eau formées par d’anciens bras du Mississipi en Louisiane qui défilent devant nos yeux, le problème est qu'assez vite, on n'a pratiquement que ça à se mettre sous la dent.
Le scénario est confus, et le réalisateur semble plus se soucier de faire de belles images que de nous rendre les personnages vraiment attachants, en premier lieu ce père dont on a les plus grandes difficultés à comprendre les motivations et à avoir un peu d'affection pour lui.
Et si, comme moi, on est assez hermétique au message philosophico-écologique asséné pas très subtilement tout au fil du film, on peut vite trouver que celui ci nous propose une suite de séquences dénuées de sens et de fil narratif digne de ce nom.
Comparé à Summertime( dont j'ai parlé samedi dernier, autre film contemplatif sur le Mississpi réalisé par un autre jeune prodige du cinéma indépendant US ) , également visiblement inspiré par le cinéma de Terence Malick, les personnages manquent de densité psychologique, et le trait de subtilité. Du coup, alors que Summertime m' ionné, ces bêtes du Sud Sauvage finissent par ennuyer ceux qui , à mon instar, n'ont pas réussi à prendre le billet pour ce voyage dans le Bayou...
Les dernières minutes, où enfin le vrai sujet du film ( les relations entre cette petite fille et son père violent et malade) est traité un peu plus frontalement, sont effectivement magnifiques, mais hélas, il est un peu tard pour faire de ces bêtes du Sud Sauvage le chef d'oeuvre du 7eme art comme certains ont pu l'autoproclamer.