L'exercice de l'état : Un film politique absolument ionnant
Je me rappelle que le jour même de la sortie en salles du film L'exercice de l'état, les films alléchants étaient légions (et notamment Les marches du pouvoir, film américain de George-Nexpresso- Clooney au thème proche), mais j'avais écrit ici même mon envie d'aller voir toutes affaires cessantes ce film dont les échos étaient excellents depuis la présentation du film dans une sélection parrallèle du Festival de Cannes.
Hélas, comme parfois, on ne peut pas toujours faire ce que l'on veut (on dirait une phrase que je sors à mon fils un jour sur deux :o), je l'avais raté en salles, et l'avais un peu regretté, regrets qui se sont attisés lors de la dernière Cérémonie des Césars lors duquel le film a été récompensé plusieurs fois, dont le prix du meilleur scénario et celui du meilleur second rôle pour Michel Blanc (et non pas pour son concurrent, Joey "Didou" Starr, moment grandiose de la cérémonie que tous les détracteurs de Mathilde Seigner doivent se er en boucle).
Ainsi, le lendemain de la cérémonie en question, je suis allé faire un tour dans mon VidéoClub préféré pour aller voir s'il était disponible, et miracle, c'était le cas: j'ai donc pu vérifier sur place qu'effectivement, sans la moindre contestation possible, L'exercice de l'état est un très grand film, et assurément un des meilleurs films francais de 2011.
Contrairement à Pater, autre film politique (?) plébisicité par la critique, et que je considère comme une vaste fumisterie, L'exercice de l'état est une vraie plongée à l'intérieur de la sphère politique dont l'objectif est vraiment de nous présenter des hommes, sans manichéisme, avec leurs grandeurs et leurs faiblesses. Des hommes qui doutent, s’enivrent, mangent, séduisent, baisent, bref, qui se livrent à autant d’activités humaines qui les rendent proches de nous. Sauf qu’en ce qui les concerne, leurs actions ont un impact sur la population tout entière.
En ce sens, je le rapprocherais assez d'une oeuvre de BD, le Quai d'Orsay de Christophe Blain et d'Adel Lanzac (que Tavernier est actuellement en train d'adapter pour le cinéma, c'est sa fille qui m'avait annoncé l'information dans la voiture de retour du festival d'Annonay) qui arrivait également à nous faire ressentir aussi justement l'efferversence d'un cabinet ministériel, et les luttes de pouvoir entre directeurs de cabinet et responsables de la communication.
En nous peignant le portrait intime et étonnament réaliste des personnes qui nous gouvernent, le réalisateur Pierre Schoeller (dont le premier film, Versailles, avec Guillaume Depardieu, pourtant tout aussi loué par les critiques, ne m'attirait pas) opte pour des choix de scénarios et de mise en scène qui sont autant de paris gagnants.
En choisissant comme personnage principal un homme politique nuancé et contradictoire, c'est à dire à la fois, intègre et ambitieux (deux qualités difficilement compatibles dans la sphère politique), et qui ne se sent pas à l'aise avec ses convictions dans le gouvernement auquel il appartient, le scénario touche au coeur par la subtilité de son écriture.
De même, en faisant apparaitre à mi parcours un personnage totalement à rebours des autres, ce Martin Kuypers, ce chômeur en réinsertion, observateur totalement mutique de la classe politique, Schoeller laisse planer un voile de mystère qui culminera en une séquence totalement inattendue, au deux tiers du film, et qui nous laisse complétement KO et subjugé par la façon dont elle est filmée, extremement violente, et presque onirique à la fois.
Et, évidemment, le film ne serait pas ce qu'il est sans la prestation exceptionnelle d'Olivier Gourmet que j'avais déja donné comme favori au César du meilleur acteur avant même de voir le film. A côté de sa performance tellement fine et racée, le sympathique Omar ne joue pas vraiment dans la même catégorie.
A la fin du film, on ne sait si on doit éprouver du soulagement de savoir que les hommes politiques ne sont pas que des monstres assoiffés de pouvoir, mais gardent une parcelle d'humanité et d'honneteté, ou plutôt du desespoir de se rendre compte que la machine politique dans sa globalité est plus forte que l'individu.
Ce qui est en tout cas certain, c'est qu'on a vu un sacré film, du vrai bon cinéma qui secoue et fait réfléchir!!!
L'EXERCICE DE L'ETAT_Bande-annonce