Aurélia Aurita met du piquant dans la BD féminine
En 2006, la parution de la BD Fraise et chocolat, provenant d' une certaine Aurélia Aurita, jeune auteur à l'époque quasi inconnue du milieu de la BD (elle avait tout juste sorti une BD au tirage plutôt confidentielle, Angora), a produit l'effet d'un électrochoc au sein même de ce microcosme.
Il faut dire que, pour sa première oeuvre, Miss Aurita n'a pas choisi la facilité en faisant le récit de son intimité la plus... intime... En d'autres mots, la jeune fille a décidé de mettre en scène une femme qui lui ressemble étrangement, et dans des situations très crues.
En fait, et c'est l'orginalité du propos, Aurélia appelle un chat un chat (euh on peut mettre cela au féminin si vous voyez ce que je veux dire :o) et nous dévoile sans fausse pudeur, mais non sans une certaine fraicheur et même une vraie candeur, son histoire sentimentale et charnelle avec son compagnon et son mentor, Frédéric Boilet, auteur de dessin animé, lui plutôt reconnu dans la BDsphère.
Fraise et chocolat, qui se déclinera en deux tomes publiés en un an d'intervalle, va décrire par le menu détail, l'intimité de ce couple en s'arretant plus longuement que n'importe quelle BD sur leurs ébats. Dit comme cela, on pourrait penser que cette BD lorgne ouvertement du coté du vulgaire et du graveleux, mais sans doute est ce parce c'est vu par une fille, ce n'est jamais le cas. C'est frontal, certes, car rien ou presque ne nous est épargné de leur vie sexuelle, mais le ton et le trait est tellement au diapason que les 2 tômes se lisent avec un plaisir énorme.
Trois ans après, Aurélia Aurita, qui continue sur son crédo " soyons la plus transparente possible en mélangeant vie réelle et fonction", publie Buzz-moi qui se propose de revenir sur le
buzz médiatique qu’a provoqué la publication de cette bande-dessinée et de sa suite.
Cette BD est aujourd'hui publiée comme les 2 autres dans une édition Pocket à un prix modeste.
J'ai donc profité de cette opportunité pour lire dans la foulée le second tome de fraise et chocolat (j'avais lu le permier à sa sortie, je m'en souvenais plutôt pas mal), et Buzz moi. Si la seconde version de Fraise et chocolat reste dans la lignée du premier en allant encore plus loin dans les confessions intimes, sexuelles ou non (le racisme qu'elle a pu subir en tant que fille d'immigrés cambodgiens), Buzz-moi pourrait décevoir ceux qui s'attendaient à avoir encore plus de sexe et de confidences sur l'oreiller. Pour ma part, j'ai trouvé cette vision des coulisses médiatiques, à travers son regard de novice , mais pas dupe pour autant dupe, assez jubilatoire(ecepté faite de l'épilogue sur les joies de vivre à la campagne, un peu convenues).
En effet, grâce à miss Aurita, on apprendra que les journalistes de la pourtant select revue "Elle" ne lisent pas toujours les livres des auteurs interrogées, que Frédéric Beigbeder est un dandy sur de lui et qui se fait rire tout seul ( euh, ça on s'en doutait un peu), qu'on peut être invité à Science Po dans un colloque et ne pas forcément faire tache à coté des têtes pensantes. Mais Aurélia s'arrête aussi longuement sur le lien qui unit l'auteur et le lecteur lambda, relation d'autant plus complexe vu l'épanchement intime de l'oeuvre en question. On peut à ce propos voir que les plus effrontées ne sont pas forcément les garçons, les filles- notamment étrangères- se permettant quelques initatives particulièrement audacieuses.
Voilà, à vous de voir si voulez découvrir (ou re découvrir) l'univers d'Aurélia Aurita, vous pouvez également sans acheter ses BD jeter un oeil sur son sit, conforme à ses ouvrages :http://www.aurita.net/fr/