La littérature est-elle encore possible en temps de guerre ? Au ras du sol, Dror Mishani
J’ouvre l’œil dans un hôtel à Toulouse et je trouve un message de Marta : « Bonjour, ici, c’est un sacré bordel. » À ce moment-là, avant notre première conversation téléphonique, je suis encore persuadé qu’il s’est é quelque chose à la maison et que ça ne concerne que nous : la machine à laver le linge nous aurait lâchés une fois de plus et aurait inondé tout l’appartement, ou alors un des enfants serait malade… Quand je l’appelle, elle me dit qu’ils ont été réveillés par une alerte et sont enfermés dans notre chambre forte. Que de nombreuses roquettes sont tirées depuis Gaza.
Au ras du sol, de Dror Mishani : un journal d’urgence et de lucidité
Connu pour ses romans policiers sobres et prenants, Dror Mishani est un auteur qu'on suit depuis longtemps à Baz'art
Papa des enquêtes du commissaire Avraham Avraham, originaire de Holon: on se souvient avec force de ces romans policiers puissants tels qu"Une disparition inquiétante" ou bien encore , "La violence en embuscade"
Pour ce printemps 2025, il écrit un livre loin des polars qui l'ont fait connaitre et qui résonne cruellement avec l'actualité.
Il nous livre un journal inédit, rédigé après le 7 octobre 2023.
Au fil des pages, il observe son pays en crise, au plus près du quotidien, « par l’arrière-cour ».
En père, écrivain, citoyen inquiet, il tente de comprendre ce que la guerre fait aux corps, aux esprits, aux mots. Mishani écrit un journal sur une période de 6 mois sans objectif particulier autre que de recenser ses pensées et de faire des associations avec des textes d’auteurs tels Stefan Zweig ou l’italienne Natalia Ginzburg.
Lucide et bouleversant, ce texte interroge ce que peut encore la littérature dans le chaos, et révèle la complexité d’un monde où la parole juste devient un acte de résistance.

📖 Au ras du sol – Dror Mishani
📚 Éd. Gallimard, 2025