Rencontre avec Marc Lavoine pour son roman " Quand arrivent les chevaux"

Il y a tout juste une semaine, le samedi 15 février, lendemain de Saint Valentin, le célébrissime Marc Lavoine était présent sur Lyon pour parler de la sortie de son ouvrage "Quand arrivent les chevaux" (Ed. Fayard)- voir notre chronique du livre
La Fnac Lyon Bellecour recevait Marc Lavoine ce jour la pour une rencontre suivie d’une séance de dédicaces
L'auteur s’est montré sensible et très bavard sur de nombreuses anecdotes de sa vie.
Chanteur à succès depuis quarante ans, comédien, Marc Lavoine revient, après la sortie de son album anniversaire, avec un livre autour de la disparition de sa mère.
On avait pu échanger avec lui quelques minutes avec la rencontre public et on a fait connaissance avec un éternel amoureux des mots, des arts et de l’amour.
Le cheval est central dans la vie de l'homme. Le cheval est au centre de Guernica, il est dans toutes les guerres, il est partout. C
e cheval, qui est mi-sauvage, mi-domestique, on peut monter dessus, mais il peut vous tuer comme il peut vous sauver la vie.
Donc, cet animal n'est plus sauvage, l'homme a réussi à le dompter....
Oui, je laisse le lecteur libre de se faire son idée : de découvrir ce qui relève de la réalité, ce qui est inventé. Tous les personnages existent, même si j’ai changé leurs noms.
J’ai construit un récit onirique, poétique, surréaliste parfois, car c’était aussi, pour moi, une manière de faire mon deuil et d’écrire sur ce que ma mère ne savait pas d’elle et sur ce qu’elle m’a laissé.

Je ne sais plus exactement parce que depuis que ma mère est morte, j'avoue que les heures qui tombent, je ne les compte pas, je n'ai plus la notion du temps.
Mais cela faisait sept ans, je crois, qu'il est sur ma table de travail et que je n'osais pas le lire.
Quand mon éditrice m'a appelé pour me dire ‘il faut le lire, il faut le rendre’, je l'ai lu avec mon attachée de presse.
Et puis on a trouvé que c'était correct..
Quand mon père est parti, je suis resté debout. Mais quand ma mère, à son tour, est décédée, je me suis effondré, au propre comme au figuré.
En réalité, ce livre a mûri dans ma tête pendant des années.
Ma mère est morte, voilà sept- huit ans à peu près ( NLDR:; 14 en fait) . J
e ne connais même pas sa date de décès, je n’ai retenu que celle de sa naissance. Et puis un jour, j’ai senti l’urgence d’écrire.
Ce livre est né en trois semaines, d’un jet. Je n’ai alors fait que ça pendant des jours, écrire, sans vie en dehors de cette activité devenue essentielle, allant jusqu’à m’endormir sur les pages quand j’étais vraiment trop épuisé
J’ai fait ce livre, je crois, car j’étais enfin prêt à la laisser partir.

Elle aurait pu vivre encore un peu, si j’avais pris une décision, celle de la mettre entre les mains d’un médecin ami, qui avait déjà sauvé son cœur défaillant par deux fois. Je regrette de ne pas avoir été plus courageux, d’avoir cédé à ceux qui la disaient entre de bonnes mains.
J’ai longtemps porté cette culpabilité. « Mieux mourir », cela veut dire « mourir plus tard ». J’ai vécu avec l’impression d’avoir réussi des choses avec elle, mais d’avoir raté sa mort. D’autant qu’elle est morte sans moi, je n’étais pas à son chevet quand c’est arrivé.
Mais elle était usée comme un parquet de l’Opéra de Paris, usée par le frottement de la vie.

En tout cas, je vis avec ce manque, j’y pense tous les jours, mais ce n’est pas négatif. J’ai enfin décidé de la laisser, car un parent ne vous appartient pas.
Elle était mon centre du monde et, quand elle m’a lâché la main, je ne savais plus où j’étais. J’ai longtemps cherché à la trouver dans d’autres bras.
Vous faites d’ailleurs cette confession : « Je l’aimais comme je n’ai jamais aimé depuis ».
(Marc Lavoine a rendu public le couple qu’il forme avec Adriana Karembeu, NDLR) et pour la petite histoire, Adriana nous a d'ailleurs interrompu en appelant Marc pendant l'interview !
En effet, j’étais seul depuis trois ans, puis mon disque anniversaire est sorti, le livre était en préparation et cette rencontre m’est arrivée… Elle m’est littéralement tombée sur le coin de la figure. Mais elle était évidente. Je suis heureux. À 62 ans, ma vie commence !
Tant que je n'avais pas sorti ce livre, je retenais ma mère avec moi"

Tant que je ne l'avais pas sorti, je retenais ma mère avec moi. D'avoir sorti le livre, de l'avoir fait lire par exemple à mon éditrice et au garçon avec qui j'ai travaillé, ça me faisait du bien.
Maintenant qu'il est sorti dans les magasins, si les gens ont envie de le lire, tant mieux.
Ça me donne une joie extraordinaire. Ma vie a changé de son. Je n'aimais plus Paris, je n’en pouvais plus, je voulais partir. Je voulais aller à mon travail, puis retourner en banlieue.
Et là, je commence à ré aimer Paris, à la trouver belle, à aimer la Seine, le son de Paris. Je commence à ré aimer la vie en fait....
« Quand arrivent les chevaux », éditions Fayard, 200 pages, 19,90 €.
Album anniversaire « Revolver », dans les bacs depuis octobre 2024.