Hommage à Yannick Belon à l'Institut Lumière- "Les enfants du désordre" présenté par Emmanuelle Béart
Chaque jour, sur le plateau, l'histoire de Marie me dévorait

À l'occasion de la rétrospective Yannick Bellon, une cinéaste qui lui a offert un rôle décisif en 1989, Emmanuelle Béart était hier soir au rendez vous de la rue du Premier-Film, pour présenter "Les Enfants du désordre."
Elle était détenue, elle est libre. Libre de quoi ? De vivre comment ? Marie est jeune, déjà cassée par la drogue.
Elle est secrète, fermée, mais au fond d'elle-même, elle est disponible. Malgré la pesanteur du é, la vie doit continuer.
La vie, c'est une compagnie théâtrale qui accueille les jeunes pour les aider, pour leur faire connaître autre chose : une technique, un art, une expérience collective.
Peu à peu, Marie s'intègre, apprend à se connaître et comprendre les autres membres de l'équipe. Mais elle reste fragile, en proie aux vieux démons qui peuvent la rattraper.
Voici l'histoire singulière d'une jeune fille tentant de se reconstruire ou de construire sa vie à partir d'une expérience particulière.

Yannick Bellon, la cinéaste des tragédies féminines individuelles ("L'Amour violé", "L'Amour nu"...), base son film sur deux témoignages recueillis.
L'histoire de Marie est donc une descente aux enfers, suivie d'une résurrection comme le cinéma en a tellement filmé, avant et surtout après elle.
On l'aime fort, ce portrait de jeune femme à la fois dur et plein d'espoir, et le symbole de la génération d'après les trente glorieuses, en rupture, où drogue et chômage signent l'arrivée du désenchantement.
Avec ce rôle fort, dessiné avec la délicatesse habituelle de la cinéaste, Emmanuelle Béart, qui a connu la gloire quelques années auparavant avec Manon des sources, s'impose dans un registre plus sombre et réaliste, et livre une performance qui l'inscrit à l'égale des grandes de sa génération, parmi lesquelles Sandrine Bonnaire ou Juliette Binoche.
Au tournant des années 1990, par ses collaborations avec les plus grands cinéastes, Sautet, Chabrol, Rivette, Téchiné, et ses incursions remarquées à l'internationale, elle devient l'une des plus grandes stars du cinéma français.
C'est à partir de 1989, avec Les Enfants du désordre de Yannick Bellon, que n la vraie Emmanuelle Béart, hyper expressive, d'un naturel désarmant se révèle complétement.

Pour Emmanuelle Béart, interpréter le personnage en question a été un pari artistique doublement difficile. "Marie, elle exprime une inoubliable gamme de sentiments âpres. De la révolte suicidaire au vertige artistique en ant par le bonheur fugitif. Elle est impressionnante de vérité. Bref, je peux dire que je n'aurais jamais été aussi habitée par un personnage !", confiait t-elle hier soir à un public ravi de retrouver celle qui restera à jamais la chère Manon des sources de Claude Berri.

Yannick Bellon, une femme cinéaste.
Cycle en huit films
du 21 février au 1er avril
à l'Institut Lumière 2025