Théâtre à Lyon : Ahouvi : de la rencontre à la rupture
En parallèle du sublime Lacrima qui se se joue dans la grande salle des Célestins, Ahouvi, pièce de l'israélien Yuval Rozman, nous plonge dans l'intimité de la Celestine ainsi que dans l'intimité d'un couple pendant 5 ans. Dès la scène de rencontre, nous sommes comme assis à la table voisine, lui (Virgile) comme elle (Tamar) s'installant parmi les spectateurs et les prenant régulièrement à partie. A ce couple se joignent la meilleure amie, Roxane, et ex de Virgile et chose peu banal au théâtre, un chien présent dans de nombreuses scènes.
Ahouvi cela veut dire je t'aime mais on sait dès le début que leur histoire d'amour est finie. Ahouvi ils se le chantent, ils se le disent et puis peu à peu il n'est plus capable de le prononcer, il doute sur ses sentiments.
Comment expliquer ce désamour ? L'a-t-il vraiment aimé un jour, elle, qui, rapidement l'agace par sa lenteur, l'agace par sa culture d'origine (stigmatisée par son goût immodéré pour le houmous) ?
Et elle pourquoi n'a-t-elle pas fui quand elle a vu sa violence latente, son impatience face à ses différences ? Il pensait la changer, la faire à son image, elle pensait probablement le sauver de sa noirceur.
A travers quelques étapes clés de leur histoire (la rencontre dans un café, la balade en forêt, l'anniversaire, la première séparation...), la pièce nous suggère les indices latents de leur future rupture.
Des histoires d'amour on en a vu beaucoup au cinéma, on en a lu encore plus dans les romans alors comment en parler aujourd'hui sans tomber dans les clichés ou dans le déjà vu ?
Ce qu'on retiendra d'abord c'est l'humour du metteur en scène. Si l'histoire finit mal, si la pièce donne à voir les fragilités et les blessures, Yuval Rozman a choisi de traiter son sujet avec légèreté et drôlerie et on sourit beaucoup.
L'espace scénique est dépouillé en dehors d'un pédalo rouillé à deux places qui se transforme en gré des scènes en voiture ou en canapé.
Néanmoins Yuval Rozman nous surprend par ses choix de mise en scène : l'espace scénique placée au centre des spectateurs, l'absence de noir, la pluie qui se met à tomber quand un drame assombrit encore plus la séparation. Et un chien, personnage important de la pièce, vient aussi apporter sa patte à l'histoire en étant le médiateur inattendu de ces querelles conjugales..

On s'interroge forcément sur son couple, sur ce qu'on attend de l'autre, sur sa place. Hélas, malgré toutes ces qualités, Ahouvi ne convainc pas totalement.
On regrette notamment que la question géopolitique et la question de la judaïcité, qui semble pourtant être le fondement même de l'oeuvre de Yuval Rozman ne soit pas plus creusé et que le conflit de couple se cristallise sur des choses finalement très banales.
Dommage aussi que le dernier quart d'heure change radicalement de ton pour virer au tragique et à l'emphase, alors que la fin d'un couple c'est parfois l'occasion de se réaffirmer tel qu'on est.
Ahouvi, jusqu’au vendredi 21 février. Tarifs : de 8 à 26 €, aux Célestins, 4, rue Charles-Dullin, à Lyon 2e. Tél. 04.72.77.40.00. www.theatredescelestins.com

Ahouvi - Les Célestins, Théâtre de Lyon
Ahouvi, Les Célestins, Théâtre de Lyon
https://www.theatredescelestins.com/fr/programmation/2024-2025/celestine/ahouvi