Fort Alamo : Fabrice Caro, toujours aussi drôle ... mais encore plus mélancolique !!
« Les boutiques s'ajoutaient à tous ces lieux publics que l'être humain avait fini par rendre infréquentables par sa seule présence, les trains, les salles de cinéma, les rues. Les gens se croyaient dans leur salon partout où ils allaient. Le portable avait abattu les cloisons de l'intime, qui s'était vulgairement déversé dans l'espace public, de sorte que tout lieu était devenu invivable.

Les fidèles de l'univers de Fabrice Caro - et notamment de ces romans "Figurec" , Broadway, Journal d'un scénario "le Discours," - plus que celui de ses BD, plus absurde et moins mélancolique, ne seront pas surpris par le pitch de son nouveau roman, Fort Alamo, lecture qui nous aura profondément séduit dans celle de ces dernières semaines.
Fort Alamo, qui commençant par l'action la plus anodine et quotidienne qui soit -faire la queue à la caisse d'un supermarché, univers déjà présent dans Zai Zai Zai- est dans la même veine que ses autres romans : l' enchaînement chaotique de faits anodins, mais aussi à sa capacité à observer.
Comme dans (presque, car on l'avoue à contre coeur Samourai était un cran nettement en dessous) tous les romans de Fabrice Caro, on rit beaucoup, souvent aux éclats, à la lecture de ce textes émaillé de punchlines mi désabusées, mi candides,
Cyril, le protagoniste de Fort Alamo a tout de l'anti héros ordinaire qu'on croise dans tous les romans de Fabrice Caro : un individue pas très à l'aise avec les codes sociaux, un peu lâches aussi. Ils me ressemblent un peu.
En réalité, tous ses livres gravitent autour du même terreau : la famille, le couple, les amis. Sauf que ce professeur de français sans histoires est assailli d'informations toxiques et de pensées anxiogènes propres à notre époque.
Jusqu'au jour où une série d’événements va l'amener à le persuader qu'il dispose d'un super-pouvoir embarrassant : celui de provoquer la mort des êtres qui lui déplaisent.
Mais quand au détour d'une réflexion intérieure a priori anodine, on apprend qu'il a récemment perdu sa mère., et qu'il se refuse à en vider la maison, on se dit que ce super pouvoir pourrait tout à fait se nicher dans ce trauma personnel.
Et le nouveau roman de Fabrice Caro, qui reste toujours aussi fort à trouver ce petit décalage dans l'absurde qui fait mouche, de se teinter d'une note encore plus mélancolique que les autres,puisque mine de rien il cherche à savoir comment un être ordinaire s'arrange avec la douleur de ceux qui restent, comment se comporter, avec ceux qui surjouent la tristesse et surtout comment vivre le deuil.
Sur une corde a priori mineure, Fabrice Caro signe, n'ayons pas peur des mots, un chef d’œuvre de sensibilité et de délicatesse qui touche profondément juste.
Du grand art..
Et un conseil à 100 % validé par l'équipe pour ceux qui cherchent un cadeau de Noel de dernière minute !!
Fort Alamo de Fabrice Caro, aux Ed. Sygne/Gallimard,
192 pages, 19,50 euros

"Fort Alamo" de Fabrice Caro - Bande-annonce #booktube #gallimard
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